SWEETKISS MOMMA - Revival Rock (2010)

Titles :
01. Ready To Go
02. Son of the Mountain
03. Slow Fade
04. Mercy Love
05. Rocket Ride
06. Strange Fire
07. Sweet Little Thing
08. Ounce Left of Pride
09. Sugar in the Raw
10. Come Clean
11. Good God Woman
12. To Help a Man

Personnal :
Jeff Hamel (vocals, guitar, harmonica)
Randy Jackson (bass)
Aaron Arnold (guitar, vocals)
Waid Hoyt (guitar, vocals)
Tyson Lickert (drums)

Additionnal musicians:

Mark Fredson (piano, organ, clavinet - tracks 2, 4, 5, 6, 10, 11, 12)
Joe Reineke (guitar - tracks 7, 10)
David George (trumpet - track 3)
Paul Fessenden (saxophone - track 3)

Sur son site, ce groupe revendique fièrement le fait que le rock sudiste à haut degré d’octane peut provenir de n’importe où dans le monde, y compris du Nord Ouest des U.S.A. d’où nous viennent ces nouveaux prosélytes, soit l’exact opposé sur la carte des U.S.A. de la Floride natale du style. Ce n’est pas l’époustouflante prestation des Britanniques de Medicine Hat lors de la récente édition du Festival 70’s de Charmont qui va nous faire soutenir le contraire : à RTJ, nous sommes tous convaincus que notre musique favorite peut émerger et prospérer à peu près partout. Nous voilà donc face à un quintet arborant fièrement trois guitares de front et soulignant l’importance de faire appel à un studio équipé en matériel analogique d’époque pour conserver aux enregistrements leur caractère et leur chaleur, d’où le titre de l’album. Diable, le programme attire inévitablement l’attention des vieux fans de Skynyrd et autres groupes « amis » ayant fait leurs classes autour de Jacksonville.

Dès le premier titre, nos oreilles nous transmettent que la filiation revendiquée avec des groupes comme Lynyrd Skynyrd ou les Black Crowes se ressent bel et bien dans la musique, avec un rock « rentre dedans », ne cédant à aucun artifice dont les 80’s ont hélas été prodigues. Et ce n’est pas un feu de paille : l’ensemble de l’album met en avant une interprétation couillue de titres agréablement ficelés sur des bases bien roots auxquelles se mêlent bien sûr quelques recettes typiquement sudistes comme les passages hors tempo, les breaks judicieusement disposés, le recours ici et là au bottleneck ou les carillons arpégés des guitares. Et même si « Mercy Love » recèle un curieux solo de claviers, et si « Sugar In The Raw » fait appel à un riff à la talking box popularisée par Peter Frampton, ce qui indique aussi que nous ne sommes pas vraiment dans une reproduction servile des modèles, on ne peut qu’être frappé de la solidité et de l’efficacité d’une production qui se soucie plus d’honnêteté et de musique que d’esbroufe ou de gimmicks à la mode. Et figurez-vous que ça fonctionne !

L’originalité du combo réside aussi dans la personnalité affirmée de Jeff Hamel, le chanteur/guitariste et visiblement le leader du groupe, tant pour des vocaux de qualité et indiscutablement saturés de testostérone que pour une façon de délaisser par moments la guitare pour quelques excellentes prestations à l’harmonica. Une solide section rythmique qui n’a pas oublié ce que swing voulait dire par là-dessus, des acolytes dégainant fort à propos, en particulier Aaron Arnold, et roulez carrosse ! Cette musique rappelle vraiment de bons souvenirs et promet par ailleurs quelques jouissifs moments sur scène. Voilà qui donne encore plus envie d’aller vérifier ce que ça donne en concert. Bref, ça déménage, ça roule des hanches, ça dynamite, ça donne envie de remuer les orteils, que du bonheur ! Pour atteindre le niveau supérieur, il manque peut-être à cet album marqué d’une grande probité et d’une réelle authenticité quelques instants « magiques », et pour du rock revendiqué comme sudiste, on remarque l’absence de soli harmonisés, peut-être due au fait que sur leur site seul Aaron Arnold soit crédité comme soliste, mais en l’état, ne vous y trompez pas : il faudrait être fou pour bouder le bonheur de découvrir ce groupe prometteur auteur de bien belles compositions et qui semble vouloir mettre le feu à tous les étages, sans pour cela oublier de montrer au passage qu’il sait aussi délivrer de bien belles ballades comme « Slow Fade » ou « Strange Fire ».

Leur site disait donc vrai, au moins pour leur cas : le rock sudiste chaleureux, fidèle à ses racines, et à haut niveau d’énergie peut effectivement aussi se concevoir dans l’état de Washington ! Avis aux amateurs…

Y. Philippot-Degand